Le Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates - Mary Ann Shaffer et Annie Barrows
C’est dans le cadre d’une lecture commune que j’ai découvert ce roman qui m’a totalement séduite.
Son originalité réside dans le fait qu’il s’agit d’un échange de lettres dont l’écriture court tout au long de l’année 1946. Juliet, écrivaine londonienne, a connu le succès pendant la Seconde Guerre Mondiale, en publiant dans le journal une nouvelle, Izzy s’en va-t-en-guerre. La paix retrouvée, elle cherche un thème pour le nouveau roman qu’elle envisage d’écrire. C’est alors qu’elle reçoit la lettre d’un inconnu, Dawsey Adams, habitant l’Ile de Guernesey. Il a en sa possession un livre ayant autrefois appartenu à Juliet et s’adresse à elle pour un conseil littéraire. Dans la lettre, il évoque aussi la guerre, le passé de l’Ile de Guernesey et un mystérieux groupe, le Cercle des amateurs de littérature et de tourtes aux épluchures de patates. Immédiatement intriguée, Juliet décide d’en apprendre davantage sur ce Cercle. Très vite, elle échange avec ses membres et découvre un univers bien différent de son quotidien londonien. Un monde atypique, qui bientôt l’obsède, avec ses anecdotes, ses contrariétés, ses douleurs… Séduite, elle décide de faire le voyage à leur rencontre. Qui sait, ce Cercle pourra peut-être fait l’objet de son prochain roman ?
Et là, c’est une véritable famille qui l’accueille. Juliet tombe sous le charme de cette île, de ses habitants et de ce Cercle aux membres résolument attachants. Il y a cette petite fille, Kit, dont la jeune maman, la fière et courageuse Elizabeth, a été déportée, pour avoir dénoncé l’injustice. Il y a le mystérieux Dawsey, si silencieux mais tellement charmant. L’extravagante Isola, accueillante mais si maladroite. Juliet vit à l’heure de l’Ile de Guernesey où elle y trouve charme et sérénité. Un monde qui bientôt devient le sien et qu’elle ne veut pas quitter.
Et comme Juliet, j’ai été charmée par cet univers si atypique. Des mots simples mais une poésie des mots. Des personnages si attachants, avec une vraie personnalité. Au fil de la lecture, j’ai eu l’impression, d’abord de les rencontrer, puis de les connaître. La force de l’écriture est bien de donner une réelle identité à ces acteurs, qui s’incarnent littéralement, qui prennent vie sous la plume. Seul bémol : j’aurais aimé que l’auteur intègre aussi cette dimension dans la façon d’écrire les lettres, qui se ressemblent souvent trop dans leur style, leur ton. Avec de telles personnalités, leurs écrits auraient dû être plus personnels, selon moi.
Mary Ann Shaffer et Annie Barrows alternent aussi avec brio les anecdotes les plus simples de la vie quotidienne et les grandes douleurs de l’existence. Comme Juliet, j’ai particulièrement aimé Elizabeth. Avec attachement et tendresse. J’ai souvent souri mais j’ai aussi ressenti de vives émotions. Littéralement, j’étais à Guernesey, devenue membre du Cercle et connaissant personnellement chacun de ses membres. Si – je dois tout de même le reconnaître – je me suis un peu ennuyée dans les premiers temps de la lecture, je trouve que le livre prend son véritable envol quand Juliet arrive à Guernesey. Là, l’ennui premier s’est volatilisé et j’ai dévoré le livre.
Un vrai coup de cœur, tout de tendresse, de poésie. Un beau roman au charme si anglais. A découvrir…
Une lecture commune partagée avec Hecléa, Belle de nuit, Cécile, Djak, Neph, Evy