Le livre de Dina (t. 1) - Herbjorg Wassmo
« Dina ne vint pas à table. Elle avait grimpé dans le grand boulot derrière le garde-manger. De là, elle pouvait tout observer, comme un faucon. Et les bruits de la ferme parvenaient à son oreille. »
Tout d’abord, je voudrais remercier Lilibook qui a écrit un billet sur son blog à propos de ce livre. Je ne connaissais pas du tout Le livre de Dina et le commentaire de Lilibook m’a donné envie de découvrir et le livre et l’auteur.
L’intrigue se passe en Norvège, au XIXème siècle. C’est dans cet univers froid et hostile que naît et grandit Dina. La première rencontre que le lecteur fait avec Dina, c’est pour découvrir une meurtrière. Guidant un traîneau dans un univers glacé, Dina tue un homme. Cet homme, c’est son mari, qu’elle largue au fond d’un précipice avant de rentrer, muette, à la maison. Dès les premières pages, on est intrigué par cette femme. Pourquoi un tel geste ? Comment expliquer le comportement de cette femme qui apparaît comme folle ?
Et petit à petit, on la découvre. Dina, c’est d’abord une petite fille meurtrie. A 5 ans, dans la buanderie, elle renverse la cuve bouillante de lessive sur sa mère qui mourra quelques jours plus tard dans d’atroces souffrances. On éloigne Dina mais le mal est fait. La petite perd la parole et devient comme un petit animal sauvage. Elle monte aux arbres et y passe de longues heures. Elle a une fascination pour les chevaux et dort dans l’écurie… Ses premiers mots, elle les prononcera quand son professeur lui fera découvrir le son du violoncelle : « encore. » Et Dina découvre le langage de la musique. Elle joue. Elle lit aussi. Elle lit un seul livre, la Bible de sa mère. Elle compte, mieux que les commerçants. Futée, Dina, mais aussi fermée au monde des humains et imprévisible. Elle se moque bien de savoir comment une jeune fille de 15 ans doit se comporter. Elle fume le cigare, joue aux cartes, montre son corps sans pudeur. Elle fait mal aussi. Quand la seconde femme de son père vient s’installer à la maison, elle fait tout pour détruire ce mariage.
Quand un ami de son père demande de l’épouser, Dina se fâche d’abord puis accepte. Sans savoir où cela la mènera. Et ce mari devient son nouveau jouet. Fou d’amour, le vieux Jacob se plie aux moindres désirs d’une Dina devenue maîtresse de maison. Pour elle, c’est la découverte des plaisirs, plaisirs du corps et des sens. Elle boit, elle a une sexualité dénuée de toute gêne pour une jeune femme du XIXème. Elle refuse tout interdit, quitte à entrer dans de noires colères. Et quand quelqu’un devient une gêne, un obstacle, Dina l’éloigne ou l’élimine, à l’image de Jacob qu’elle jette au fond d’un précipice.
Ce livre est un véritable coup de cœur. J’ai particulièrement adoré l’atmosphère sombre du roman. On est plongé au cœur d’une contrée glacée, où les nuits et les hivers sont interminables. L’écriture, aussi, de l’auteur est fine, tendue, parfois cinglante. Des phrases lapidaires, des mots crus, mais une certaine poésie. Le personnage de Dina m’a fascinée. Comme dans le roman, on a du mal à la cerner. Est-elle folle ? Pourquoi un tel comportement ? De mon côté, j’ai découvert une jeune femme incroyablement intelligente et libre.
Un roman très fort et un personnage qui a exercé sur moi une fascination. Je n’attends plus que de lire les deux autres tomes de la saga de Herbjorg Wassmo ainsi que les autres titres de cette auteur.